Le coquelicot, plante herbacée parfois appelée pavot annuel, pavot sauvage ou pavot des champs, inspire et fascine par sa délicate robustesse. Derrière les pétales rouge vif de cette fleur de la famille des Papaveraceae se cache une histoire haute en couleurs, qui lui confère aujourd’hui une forte symbolique.
Découvrez la signification du coquelicot dans le langage des fleurs, son origine et ses secrets les mieux gardés.
La symbolique du coquelicot
Le coquelicot dans le langage des fleurs
La fragilité des pétales du coquelicot n’a d’égale que sa résilience. Il se ressème seul chaque année grâce aux graines noires qui s’échappent de son fruit, et fleurit à l’approche de l’été et des moissons – ce qui lui confère le statut de plante messicole. Ce paradoxe aura valu au papaver rhoeas de devenir un symbole “d’ardeur fragile”, dans le langage des fleurs. Il incarne la force qui peut se cacher derrière une apparente vulnérabilité, et peut ainsi être offert à un être cher pour lui signifier que l’on le sait capable de surmonter toutes les épreuves. Certains lui prêtent aussi la vertu de plante de réconfort, ou de symbole de la beauté, ce que l’on ne peine pas à croire à la vue de son indéniable grâce.
Le coquelicot dans la mythologie antique
Dans la mythologie grecque, le coquelicot, assimilé au pavot, est l’attribut de Morphée, fils des dieux du Sommeil et de la Nuit. Morphée, divinité des rêves prophétiques, donne le sommeil aux mortels en les touchant avec sa fleur. Le choix du coquelicot n’est pas un hasard, puisque comme tous les pavots, il contient des alcaloïdes. C’est de ces molécules à effet narcotique que sont dérivées de nombreuses substances psychoactives comme la morphine, l’opium, la nicotine, la caféine et même l’héroïne, selon les espèces.
Les noces de coquelicot
En France, on célèbre les noces de coquelicot à l’occasion de 8 années de mariage. A l’heure où l’amour peut sembler fragilisé par la routine, le coquelicot rappelle que derrière le sentiment de lassitude se cache un sentiment bien plus fort qui ne connaît pas les dommages du temps et renaît indéfiniment : l’amour véritable qui unit deux âmes sœurs pour la vie.
Le coquelicot, emblème de la Première Guerre mondiale
Sur une note plus maussade, le coquelicot a également été associé à la Première Guerre mondiale. Parce qu’il fleurissait aux abords des tranchées et des tombes de soldats, et parce que sa couleur n’était pas sans rappeler celle du sang qui a coulé lors des affrontements, il inspira un poème au médecin militaire canadien John McCrae et devint un symbole dans les pays du Commonwealth pour le souvenir des soldats morts au combat.
En France, ce sont les bleuets qui sont associés à ce triste souvenir, d’une part parce qu’ils poussaient sur les champs de bataille ravagés, et parce que leur couleur bleue rappelait celle de l’uniforme des premiers poilus.
Les origines du coquelicot
Le coquelicot prendrait ses racines en Eurasie, plus précisément à l’Est du bassin méditerranéen. Au fil des siècles et à travers le développement de l’agriculture céréalière à laquelle il est intrinsèquement lié, le coquelicot se répand sur l’ensemble des régions tempérées d’Europe, d’Asie et d’Amérique du Nord.
Quant à son nom vernaculaire (nom courant) français, il nous vient de l’ancien français coquerico, l’équivalent de notre actuel “cocorico”, en référence à sa couleur rouge et à ses pétales légèrement froissés rappelant la crête d’un coq.
Le coquelicot dans l’art
Les époustouflants tapis écarlates que forment les coquelicots lorsqu’ils fleurissent dans les champs de blé ont été une source d’inspiration pour de nombreux artistes.
Parmi eux, comment ne pas commencer par citer Claude Monet, pionnier de l’impressionnisme, qui aura mis le coquelicot à l’honneur dans près d’une dizaine de tableaux. Ils ont aussi inspiré le peintre réaliste Gustave Courbet, Gustav Klimt et Vincent Van Gogh, pour ne citer qu’eux.
En Grande-Bretagne, le centenaire de la déclaration de la Première Guerre mondiale donna lieu à une installation artistique commémorative monumentale. Plus de 800 000 coquelicots en céramique furent déposés par des bénévoles au pied de la Tour de Londres, formant une gigantesque coulée rouge à connotation tragique.
Le coquelicot est également l’emblème du parfum Flower de Kenzo, bien qu’il ne contienne pas de coquelicot dans sa composition (il s’agit d’une fleur inodore).
Avec cette histoire d’une grande richesse, le coquelicot n’a définitivement rien d’une fleur quelconque, frêle et rachitique, comme pourraient le laisser croire son statut de mauvaise herbe et ses pétales vacillants. Le coquelicot est une fleur empreinte de poésie, de complexité et d’éclat, qui séduit et inspire les artistes, les amoureux et les âmes en peine à travers les continents.